A propos de l'oeuvre de Yves Klein : Le Bleu Klein que l'on retrouve dans cette oeuvre a une histoire.
Début 1956, Klein fait en effet la connaissance de Pierre Restany, lors de sa seconde exposition intitulée « Yves : propositions monochromes », qui a lieu du 21 février au 7 mars 1956 dans la galerie parisienne de Colette Allendy. Avec ce critique d’art, il noue un contact intense, une compréhension tacite, et cette relation deviendra une expérience de « communication directe » qui va marquer un tournant décisif dans la compréhension de son art. Dans sa préface, Pierre Restany expliquait aux visiteurs l’arrière-plan théorique du nouveau concept. Le problème du travail sur une couleur unique entre dans la conscience culturelle parisienne. Klein devient célèbre sous le nom d'« Yves le Monochrome ».
En automne 1956, il crée l'IKB, International Klein Blue, qui est, pour lui, « la plus parfaite expression du bleu » (voir plus bas) et le symbole de la matérialisation de la sensibilité individuelle, entre étendue infinie et immédiate.
Né en 1928 à Nice, Yves Klein avait pour première vocation d’être judoka. Ce n’est que de retour à Paris, en 1954, qu’il se consacre pleinement à l’art et se lance dans « l’aventure du monochrome ». Animé par la volonté de « libérer la couleur de la prison qu’est la ligne », Yves Klein s’oriente vers le monochrome qui, pour lui, est la seule forme de peinture qui permette de « rendre visible l’absolu ».
En choisissant d’exprimer le sentiment plutôt que la forme figurative, Yves Klein a dépassé les idées de représentation artistique, concevant plutôt l’œuvre d’art comme une trace de communication entre l’artiste et le monde, une vérité invisible rendue visible. Ses œuvres, disait-il, devaient être « les cendres de son art », des traces de ce que l’œil ne pouvait pas voir.
La pratique d’Yves Klein a révélé une nouvelle façon de conceptualiser le rôle de l’artiste, concevant sa vie entière comme une œuvre d’art. « L’art est partout où l’artiste va », a-t-il déclaré un jour. Selon lui, la beauté existe partout, mais dans un état d’invisibilité. Sa tâche consistait à capturer la beauté là où elle se trouvait, dans la matière comme dans l’air.
L’artiste utilise le bleu comme vecteur de sa quête de l’immatériel et de l’infini. Sa célèbre couleur-matière plus bleue que bleue, bientôt baptisée « IKB » (International Klein Blue) attire non seulement les yeux du spectateur, mais nous permet en fait de voir avec notre âme, de lire avec notre imagination.
Des monochromes au vide, en passant par sa « technique des pinceaux vivants » ou « Anthropométrie », par le déploiement des éléments de la nature afin de manifester leur force vitale créatrice et par l’utilisation de l’or comme portail vers l’absolu, Yves Klein a développé une pratique révolutionnaire qui a brisé les frontières entre l’art conceptuel, la sculpture, la peinture et la performance.
Juste avant de mourir, Yves Klein a déclaré à un ami : « Je vais entrer dans le plus grand atelier du monde. Et je n’y ferai que des œuvres immatérielles ». Entre mai 1954 et le 6 juin 1962, date de sa mort, Yves Klein a brûlé sa vie pour réaliser une œuvre flamboyante qui a marqué son époque et qui rayonne encore aujourd’hui.